C’est en travaillant sur les lisières, cette frontière entre deux mondes que tout oppose, que j’ai pris conscience de l’existence de ces milieux interstitiels qui défient le chaos, en s’adaptant et en développant une vitalité et une fertilité plus riche que les milieux qui la jouxtent.
C’est le cas de l’estuaire par exemple, cette lisière ou l’eau salée et l'eau douce se mélangent au gré des forces contraires. Un nouveau biotop s’y développe qui en fait un des plus grands garde-manger de la planète et un lieu de nidation essentiel.
L’aube et le crépuscule également, lisières entre le jour et la nuit accueillent une plus grande densité d’espèces vivantes. Elles se sont dotées de facultés propres pour s’adapter à l’absence de lumière : développement de l’ouï, de l’odorat, infrarouge produit par les animaux.
Ces recherches m’ont amené à reconsidérer la lisière qui jouxte la vie et la mort non pas comme une fin mais comme un espace fécond de création et de dialogue qui a inspiré cette série de tableaux.